des enfants explorent la forêt

L’éducation entre liberté et sécurité

La liberté des enfants de jouer et d’explorer dans les lieux publics et dans la nature a considérablement diminué au cours des deux dernières générations. Non sans répercussions.
Les « parents hélicoptères » surprotègent les enfants de tout, même de l’échec, les surstimulent et les surveillent en permanence, ce qui empêche les jeunes de développer l’indépendance et l’assurance nécessaires à leur future vie d’adulte. Pourquoi nos jeunes enfants et adolescents ont-ils besoin de faire l’expérience du risque, du jeu sans risque et de la « vraie vie » ? Jusqu’où devons-nous les laisser s’égarer ?

Le rayon des voyages en solitaire autorisés à l’âge de 8 ans a progressivement diminué avec le temps, selon un remarquable graphique de quatre générations d’une famille créé par le médecin britannique William Bird en 2007. Ainsi, le jeune enfant est autorisé à voyager jusqu’au bout de sa rue mais, au même âge, son arrière-grand-père pouvait parcourir plus de 10 kilomètres pour aller pêcher.
Selon l’insee, seuls 11% des enfants français du primaire vont seuls en classe. Il suffit de se trouver à la sortie de l’école pour se rendre compte que les nuées de moineaux d’autrefois ont été remplacées par des rangées de voitures.
L’anthropologue et urbaniste Pascale Legué note qu’il serait impossible pour Doisneau de prendre ses photos aujourd’hui car les enfants ont disparu des rues. Elle a suivi des groupes d’enfants dans la ville pour suivre leurs déplacements « accompagnés », « seuls autorisés », « interdits mais je le fais quand même ». Leur place est de plus en plus limitée à des zones désignées, comme les parcs et les places, les terrains de jeux, les gymnases et le pied des immeubles.

Comme les trois quarts des enfants grandissent aujourd’hui « hors sol » dans les zones urbaines, ce scénario est beaucoup plus préjudiciable.
L’érosion des liens de voisinage ou la peur du chômage, ainsi que l’extension de la sphère d’influence de l’école, qui promeut des activités « utiles » et encadrées, sont quelques-unes des raisons citées par Peter Gray, psychologue du développement américain, pour expliquer cette restriction de liberté. Ces facteurs sont tous présents dans la société sécuritaire dans laquelle nous vivons, où les médias et les médias sociaux entretiennent la peur.
Pourtant, le jeu libre est la méthode utilisée par la nature pour apprendre aux enfants qu’ils peuvent contrôler leur propre avenir et les aider à trouver leurs passions, explique Peter Gray. Ils acquièrent la capacité de faire leurs propres choix, de régler leurs propres problèmes, d’établir et de respecter des lois, de négocier avec les autres sur un pied d’égalité et de maîtriser leur corps et leurs peurs.
Les enfants sont mis dans des circonstances délicates ou dangereuses (grimper, sauter, se comparer aux autres enfants, etc.) lorsqu’on leur laisse la liberté d’explorer, tant dans le monde naturel que dans l’environnement urbain. De ces expériences, ils tirent de précieux enseignements.
En leur refusant cette possibilité, dit Peter Gray, nous les exposons à davantage de problèmes d’anxiété et les conditionnons à la peur, comme les autres. L’adolescence entraîne des prises de risques bien plus dangereuses.
En outre, nous privons les enfants d’une grande part de créativité. Car, selon Antonella Verdiani, présidente du Printemps de l’éducation (mouvement citoyen pour le renouveau de l’éducation) et créatrice d’un blog et d’un blog consacré à l’éducation joyeuse, « si on les laisse seuls, les jeunes s’absorbent entièrement dans leurs activités. C’est ce que la psychologie positive appelle le « flow », ou l’état idéal, qui se caractérise par un haut niveau de productivité dans l’accomplissement des activités.
Dans le triomphe progressif de l’indépendance, il y a des phases cruciales, comme l’habilitation d’une
Dans l’acquisition progressive de la liberté, il y a des étapes importantes comme le fait de laisser un enfant aller seul à l’école, ainsi que des étapes symboliques comme le fait d’avoir allumé un feu ou d’être autorisé à conduire sa propre voiture. Même les jeunes citadins peuvent acquérir des compétences pendant leurs vacances, au « camp » ou lors d’une aventure.
Nous vivons dans une civilisation où les rituels de passage des sociétés traditionnelles ont disparu.
Les rituels de passage des civilisations traditionnelles n’existent plus dans notre société, dit Antonella Verdiani. La pédagogie d’initiation créée par Pierre-Yves Albrecht dans son Foyer des Rives du Rhône pour les jeunes qu’il rencontre est le résultat de cette curiosité en contact avec la nature sauvage.
Un jardin d’enfants est aménagé dans le Jardin secret.
Les enfants de 3 à 5 ans passent tout leur temps à l’extérieur dans les forêts d’été et d’hiver du Secret Garden en Écosse, où ils regardent, cueillent, goûtent, écoutent et explorent tout en piquant leur curiosité et leur créativité. Quelle est la devise de la crèche ? La nature est un bon professeur.

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